Crédit immobilier : les taux ont continué de baisser cet été

Selon l’observatoire Crédit Logement/CSA, les taux ont continué de baisser au troisième trimestre pour s’établir à 1,23 % en moyenne, contre 1,24 % au second trimestre.

Non, la crise n’a pas fait remonter les taux d’emprunt. Après les petits relèvements observés au cours de l’été, les taux des crédits à l’habitat sont finalement repartis à la baisse au troisième trimestre pour s’établir à 1,23 % en moyenne (hors garanties et assurances), contre 1,24 % au trimestre précédent, selon la dernière édition de l’Observatoire Crédit Logement/CSA, publiée jeudi.

 

La baisse s’observe également en rythme mensuel, les taux passant de 1,23 % en août, à 1,22 % en septembre. Un niveau toujours extrêmement bas mais légèrement au-dessus du plancher touché en décembre dernier, à 1,11 %.

 

Pour Crédit Logement/CSA, cette baisse s’explique par la volonté des banques de « soutenir la demande de crédits immobiliers sur des marchés toujours à la peine ». En effet, pour limiter les conséquences de la crise sanitaire, « les établissements ont été conduits à relever leurs barèmes car les risques portés par leurs clients leur semblaient s’élever fortement », commente Michel Mouillard, responsable de la publication de l’observatoire.

 

En juin, les taux étaient ainsi remontés jusqu’à 1,28 %. Mais voyant qu’en réalité les emprunteurs restaient solides, « les taux ont commencé à baisser de nouveaux dès juillet », ajoute l’expert.

 

Cette baisse des taux n’a cependant pas été suffisante pour contrecarrer le ralentissement de l’activité sur le trimestre. « Le marché n’a pas retrouvé sa vigueur de 2019 », souligne l’observatoire. La demande reste affectée par les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire et ne s’est relevée que partiellement .

 

Chute de la demande

Entre juin et septembre, le nombre de prêts bancaires accordés a chuté de 7,7 % en moyenne, tiré vers le bas par le marché du neuf (-15,6 %). Et ce, malgré « un rebond de la demande constaté à partir de juin, alimenté par les projets mis en sommeil durant le confinement ».

 

Entre mars et mai, pendant le confinement, la production avait été quasiment divisée par deux (- 41,9 %). Au total, depuis le début de l’année, le recul du nombre de prêts bancaires accordés est de 19,9 %.

 

Pour Michel Mouillard, deux facteurs sont à la manoeuvre : « le marché a souffert des conséquences économiques de la crise mais également de la mise en place des recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) », assure-t-il. Publiées il y a un an, ces recommandations visent à éviter un emballement du crédit et stipulent un taux d’effort maximum de 33 % pour les ménages et une durée maximum des prêts de 25 ans. Or, l’activité a commencé à ralentir dès les mois de janvier et février (-6,6 %), soit avant la crise sanitaire, souligne-t-il.

 

Il faut y voir, selon lui, le signe que les conseils du HCSF étaient déjà à l’oeuvre, conduisant les banques à moins financer les ménages, en particulier les plus fragiles. C’est chez ces derniers que l’activité a le plus baissé : le nombre d’opérations financées chez les ménages ayant un revenu inférieur à 3 SMIC (environ un tiers des ménages) a chuté de 25 %, note le baromètre. A l’inverse, le nombre d’opérations financées n’a reculé que de 10 % pour les ménages les plus aisés (revenus supérieurs à 5 SMIC). Pour les autres ménages, le recul est de 20 %.

 

Gabriel Nedelec

Publié le 15 oct. 2020 à 11:43Mis à jour le 15 oct. 2020 à 19:24