Immobilier : le marché peut-il craquer face au reconfinement ?
Alors que les acheteurs commençaient à reprendre la main dans un marché immobilier de l’ancien globalement résilient, quel va être l’impact d’un nouveau confinement ?
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Alors que les acheteurs commençaient à reprendre la main dans un marché immobilier de l’ancien globalement résilient, quel va être l’impact d’un nouveau confinement ?
Bis repetita ! A l’image du premier confinement de mars dernier, le marché immobilier est quasi à l’arrêt avec le reconfinement de la population française, imposé à ce jour jusqu’au 1er décembre. Réseaux d’agence et autres intermédiaires immobiliers ont fermé leurs portes au public depuis vendredi.
Jusque-là, en dépit de l’arrêt forcé de ses activités du 17 mars au 10 mai et déjouant la plupart des pronostics, le secteur a étonnamment tenu. La deuxième salve pourrait cette fois-ci mettre à mal sa résistance. « Ce nouveau confinement va fragiliser les projets, analyse Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents. Même si l’objectif affiché du gouvernement est de préserver notre économie avec un confinement moins strict qu’au printemps, la situation économique du pays ne peut que s’aggraver avec une hausse inéluctable du chômage. Côté banques, le resserrement des conditions du crédit vers les meilleurs profils d’emprunteurs s’exacerbera, impactant directement la demande immobilière. »
Dans ce climat anxiogène, la confiance des ménages risque de se détériorer. « Le rebond de l’épidémie et la crainte d’une troisième vague alimentent leur défiance. Et pour les plus optimistes, la lassitude pourrait les amener à attendre des jours meilleurs pour envisager un projet », estime aussi le professionnel.
A la différence de mai et juin dernier, l’euphorie immobilière ne serait pas au rendez-vous du prochain déconfinement. « Nous n’attendons pas de rebond spectaculaire tant sur les volumes que sur les prix, anticipe Thomas Lefebvre. D’autant plus que, contrairement au printemps, la fin de l’année n’est pas une période où les Français se pressent de finaliser un projet. » Autrement dit, le post-confinement se traduirait par un « repli des prix plus significatif » que ce qui a été observé depuis le 11 mai. Ce n’est pas l’avis du président du réseau Laforêt, Yann Jehanno, pour qui « si le reconfinement est limité à 4 semaines, et sous réserve de la non aggravation des destructions d’emplois, les projets immobiliers pourraient repartir fortement. »
Plus prudent dans son analyse, Laurent Vimont, président de Century France, reconnaît : « Le reconfinement est une très mauvaise nouvelle. Mais il beaucoup trop tôt pour faire des pronostics quant à l’évolution des prix et de l’activité. Comment repartira le marché ? Nous n’en savons rien. Tout dépendra de la durée du confinement, 6 semaines, 2 mois ou plus ? Les conséquences ne seront bien sûr pas identiques. »
Dans l’immédiat, les professionnels du secteur s’inquiètent des transactions en cours . « Pour l’ensemble des acteurs – agences, notaires, banques, courtiers… – la situation n’est plus inédite, tempère Thomas Lefebvre. Le secteur est désormais mieux préparé et digitalisé pour poursuivre une certaine activité. » Ce qui devrait permettre de « conclure en novembre les projets déjà bien engagés ». Les déménagements pourront s’effectuer sur justificatifs pendant la période de confinement, a précisé, le 29 octobre, Jean Castex, Premier ministre.
« Si les visites de logement, autres que virtuelles s’arrêtent, à la vente comme à la location, a expliqué Emmanuelle Wargon, la ministre du Logement, sur radio-immo.fr le 30 octobre, les états des lieux d’entrée et sortie sont toujours possibles. De même les déplacements pour une signature de compromis et d’acte de vente chez un notaire, quand ils ne sont pas réalisables à distance, sont autorisés [décret du 29 octobre 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de Covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire]. » La possibilité de se déplacer pour signer un compromis chez un agent immobilier est encore en suspens. En revanche les professionnels pourront se déplacer chez les acquéreurs et vendeurs pour faire signer les actes de vente. La ministre a par ailleurs indiqué que les visites ponctuelles d’agents immobiliers à domicile pour réaliser des photos ou une vidéo avant une mise en vente ou en location seront admises.