Immobilier : l’inflation n’a pas encore fait gonfler les loyers

Pas d’alerte, pour l’instant, sur l’évolution des loyers en France. En 2021, ceux des appartements ont enregistré une hausse de 1,35 %, à 13,08 euros du mètre carré. Quand, pour les maisons, ils ont baissé de 2,99 %, à 11,29 euros, selon les données publiées ce mardi par l’observatoire privé Clameur. « Sur les cinq dernières années, les loyers ont été d’une stabilité remarquable », observe son président, Jean-Michel Camizon.

Les disparités restent importantes, selon les départements et selon les villes. Des records de hausse ont, par exemple, été enregistrés l’an dernier pour les appartements d’une pièce à Versailles (+12,33 %), Douai (+10,65 %) ou Quimper (+9,38 %), pour les deux-pièces à Saint-Malo (+5,89 %), Saint-Maur-des-Fossés (+4,52 %) ou Besançon (+4,01 %) ou pour les trois-pièces et plus à Saint-Denis (+8,34 %), Pau (+6,52 %) ou Brest (+6,51 %).

Mais, au global, l’an dernier les hausses sont restées sages. Tout comme au premier trimestre 2022, indique Clameur. Et ce alors que l’indice de référence des loyers (IRL), qui suit l’évolution des prix à la consommation, a enregistré sur les trois premiers mois de l’année une hausse de 2,48 %, la plus forte depuis 2008.

« En fait, l’IRL joue un rôle de bouclier tarifaire, d’amortisseur. Il n’est applicable qu’une seule fois dans l’année, à la date anniversaire du bail et reste systématiquement inférieur à l’inflation », note Jean-Michel Camizon. Un élément important à mettre en valeur, selon lui, alors que le débat monte sur l’opportunité de geler l’IRL afin de préserver le pouvoir d’achat des Français.

Les données de Clameur montrent aussi que les propriétaires bailleurs ne profitent pas systématiquement de l’augmentation de l’IRL pour réviser leurs loyers à la hausse. « Pour un propriétaire, il vaut mieux maintenir le même niveau de prix pour garder un locataire sérieux, qui paye son loyer et entretient l’appartement, plutôt que de risquer son départ pour une hausse de 2 % », explique son président.

Face à l’inflation qui s’accélère, les loyers risquent néanmoins de finir par gonfler. « Nous scruterons les chiffres du deuxième trimestre, mais il n’y aura pas d’explosion des loyers dans les mois qui viennent », assure Jean-Michel Camizon.

Tandis que plusieurs associations ont plaidé il y a une quinzaine de jours pour un gel de l’IRL, ce dernier s’y dit opposé. « Il serait beaucoup plus pertinent d’augmenter les aides personnalisées au logement (APL) afin de toucher un public qui en a vraiment besoin », argumente-t-il. C’est aussi une demande la Fondation Abbé Pierre qui attend un geste fort, avec une hausse d’au moins 10 %.

Rien n’est encore définitivement tranché. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, s’était montré ouvert, selon les associations, à un gel de l’indice de référence des loyers. Il présente l’avantage pour Bercy de ne rien coûter aux finances publiques. La Première ministre, Elisabeth Borne, a estimé un peu plus tard qu’il pouvait s’agir d’une « fausse bonne idée ». Car cela nuirait, selon elle, aux retraités qui vivent de la location de leur bien. Et risquerait d’« assécher les sources de financement des bailleurs sociaux », qui ont besoin d’investir pour construire des logements.

Les consultations se poursuivent. Bruno Le Maire et Amélie de Montchalin, la ministre de la Transition écologique chargée du logement, doivent recevoir ce mercredi les représentants des bailleurs privés et sociaux, des agents immobiliers et des promoteurs pour une réunion de travail sur la lutte contre l’inflation. Le projet de loi sur le pouvoir d’achat (Site les Echos) est attendu pour après les élections législatives.

Par Elsa Dicharry – Les Echos – Publié le 31 mai 2022 à 12:12 – Mis à jour le 31 mai 2022 à 15:58