Logement : le nombre de « passoires thermiques » réévalué à 5,2 millions en France

Les logements notés F et G au titre du diagnostic de performance énergétique représentent plus de 17 % du parc des résidences principales en France, selon les derniers chiffres de l’Observatoire national de la rénovation énergétique. Ceux étiquetés A et B ne pèsent que 5 % du total.

Le nouveau mode de calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE) qui classe les logements de A à G selon leur consommation d’énergie et leur niveau d’émission de gaz à effet de serre, a bien fait croître le nombre de « passoires thermiques » en France. L’Observatoire national de la rénovation énergétique (ONRE) évalue désormais le nombre de ces logements classés F et G à 5,2 millions parmi les 30 millions de résidences principales. Soit 17,3 % du parc. A comparer à 4,8 millions et 16,7 % lors de la précédente estimation au 1er janvier 2018.

C’est très en dessous de l’évaluation de la Fédération nationale des agents immobiliers (FNAIM), qui se situe dans une fourchette de 7 à 8 millions. Mais cela montre le chemin à parcourir en matière de rénovation énergétique, le nouveau gouvernement s’étant fixé un objectif de 700.000 logements rénovés par an.

 

Les maisons plus mal étiquetées

Si le nombre de passoires énergétiques a gonflé, la part des résidences principales très performantes (étiquettes A et B) est encore plus faible qu’avant : 5 %, contre 6,6 % il y a quatre ans, indique l’ONRE dans son étude publiée le 22 juillet, sur la base de 310.000 DPE effectués entre décembre 2021 et mars 2022.

Une analyse plus fine du parc de résidences principales montre que les maisons (19,6 % de passoires thermiques) sont plus mal étiquetées que les appartements (14,5 %). Et que les logements les plus petits sont les plus énergivores : près de 34 % des logements de moins de 30 mètres carrés ont une étiquette F ou G, contre 13 % des logements de plus de 100 m².

« La nouvelle méthodologie du DPE (…) conduit à une plus grande part de logements chauffés aux énergies fossiles parmi les passoires énergétiques », note aussi l’ONRE.

Ainsi les logements chauffés au fioul sont 44 % à être classés F ou G, contre 15 % pour ceux chauffés à l’électricité et 12 % pour ceux chauffés au gaz. Le nouveau DPE a bien pénalisé les logements chauffés au gaz qui composent désormais 29 % des passoires thermiques contre 16 % en 2018. Quand la part des logements chauffés à l’électricité est, elle, passée de 54 % à 33 %.

 

Taux élevé de passoires en région parisienne

L’étude constate encore que le parc social est nettement moins énergivore que le parc privé. Elle souligne enfin le taux élevé (29 %) de passoires thermiques à Paris et en petite couronne, là où le marché de l’immobilier résidentiel locatif est particulièrement tendu.

Ces chiffres étaient très attendus par les professionnels de l’immobilier, qui n’ont cessé d’alerter sur le risque de voir sortir de la location un certain nombre de logements énergivores. Ceci au vu des nouvelles règles fixées par la loi Climat et Résilience .

 

Série d’interdictions à venir

La première échéance est toute proche : dès le 25 août, les propriétaires bailleurs d’un logement F ou G en métropole ne pourront plus en augmenter le loyer. Et dès le 1er janvier 2023, les pires passoires thermiques , c’est-à-dire les logements dont la consommation énergétique finale dépasse 450 kWh par m2 et par an, ne pourront plus faire l’objet d’un nouveau contrat de location.

Enfin, tous les logements G seront interdits à la location en 2025, les F en 2028 puis les E en 2034. Selon la plateforme de petites annonces Bien’Ici, certains propriétaires mettent déjà leurs biens en vente plutôt que de réaliser les travaux nécessaires à leur rénovation. Et le phénomène pourrait s’accentuer.

En dépit de cette menace, le nouveau ministre de la Ville et du Logement, Olivier Klein, a fait savoir qu’il ne reviendrait pas sur le calendrier de la loi Climat. « Il faut avoir ce volontarisme », a-t-il indiqué juste après sa nomination, rappelant que les passoires thermiques rendaient leurs occupants « vulnérables » en hiver, mais aussi durant les périodes de forte chaleur.

À noter

Le nombre de passoires thermiques monte à 7,2 millions, selon l’ONRE, si l’on inclut les résidences secondaires (32 % de passoires thermiques, soit 1,2 million d’habitations) et les logements vacants (27 % soit 800.000 unités).

Par Elsa Dicharry – Les Echos – Publié le 25 juillet 2022 à 17:21 – Mis à jour le 25 juillet 2022 à 17:42