Immobilier : comment les Français souhaitent vivre dans le futur ?

En dépit d’un climat économique et géopolitique anxiogène, les ménages gardent, chevillée au corps, l’envie d’être propriétaires. Un sondage de la société de conseil CBRE dévoile les aspirations en matière de logements des baby-boomers à la génération Z.

(GettyImages)

A quoi rêvent les Français quand ils se projettent dans leur habitat futur ? Un sondage conduit par CBRE, société de conseil en immobilier d’entreprise, révèle leurs principales aspirations.

L’enquête a été menée auprès de 21.000 personnes dans le monde, dont 1.000 en France, des baby-boomers à la génération Z (1). Elle va même au-delà de la seule question du logement en s’intéressant à la façon dont ils souhaitent travailler et consommer.

Dans le domaine de l’habitat, pandémie oblige, l’étude dévoile le désir accru de changer de lieu de résidence. Ainsi, 33 % des sondés prévoient de déménager ces deux prochaines années en France alors qu’ils n’étaient que 25 % avant le Covid. Autre fait marquant, également lié aux changements sociétaux accélérés par la crise sanitaire, le modèle d’hyperdensité urbaine est remis en cause sur le continent européen.

 

Desserrement géographique

En France, notent les auteurs de l’enquête, « cette volonté de desserrement géographique est particulièrement marquée et s’est même renforcée pendant la pandémie. » Elle se traduit à la fois par le désir de rester au sein d’une même unité urbaine mais vers des territoires moins denses. Une tendance qui va dans le sens d’une étude académique de Popsu Territoires intitulée « Exode urbain : un mythe, des réalités ».

Elle reflète aussi, d’après CBRE, « l’envie de quitter les très grandes métropoles pour des villes moins denses. Le succès de Nantes, Rennes, Montpellier, Toulouse en sont un exemple. » Toutes les générations sont touchées par le phénomène, y compris les plus jeunes, brisant le mythe du souhait de cette population de vivre en coeur de ville. Ainsi, 61 % de la Génération Z (18-25 ans) veut déménager dans des localisations plus excentrées. En outre, près d’1 personne sur 2 de moins de 33 ans se dit susceptible de déménager dans les deux ans à venir.

Le choc de la pandémie a eu aussi comme conséquences l’envie accrue d’espace et de nature et le développement du télétravail et du flex office. Ce qui a affecté les projets immobiliers des Français et continue de les influencer plus de trois ans après l’entrée dans le premier confinement au printemps 2020.

Ainsi, selon le sondage, 54 % des Français sondés estiment que la présence d’un espace extérieur (jardin, terrasse, balcon…) est devenue un critère de sélection plus important depuis le Covid. C’est même le critère qui a gagné le plus d’importance, devant celui des prix du logement (48 % des interrogés). Les ménages sont incontestablement « à la recherche d’habitats plus ouverts sur l’extérieur et sur la nature », estime CBRE.

 

Espace bureaux, le nec plus ultra

En troisième position, et c’est aussi une tendance nouvelle, la notion de « logements éco-responsables », bas carbone, mieux isolés, plus vertueux et plus responsables et citée par 44 % des sondés.

A ces nouvelles priorités s’ajoute le besoin d’adapter son lieu de vie aux modes de travail hybrides. Le sondage indique que près des 2/3 des télétravailleurs interrogés ont aménagé un espace de travail à domicile. Et ce, soit via une pièce dédiée, soit grâce à l’aménagement d’un espace de bureau dans une pièce consacrée à d’autres usages.

Il n’est donc pas étonnant que la présence d’un espace de travail à domicile soit devenue un critère de sélection pour 57 % d’entre eux. D’après CBRE, la volonté de cloisonner les espaces et de s’isoler du reste de la maison est « bien là » , tandis que pour les collaborateurs en 100 % présentiel, c’est la durée des trajets qui prime.

Mais le prix de l’habitat reste un point d’achoppement dans un environnement d’inflation élevée, de hausse des taux d’intérêt du crédit immobilier et du frein des banques sur son octroi. En outre, appuie CBRE, « les nouvelles exigences pour plus de confort et de bien-être ont néanmoins un coût… et qui posent la question de l’accessibilité du logement dans un contexte d’érosion du pouvoir d’achat immobilier des ménages. »

L’enquête met aussi en lumière le fait que les ménages tricolores aspirent en même temps au desserrement géographique pour leurs lieux de résidence et à une réduction du temps de trajet domicile-bureau. Ce qui plaide pour des bureaux dans des quartiers centraux, bien connectés. Une équation compliquée mais facilitée toutefois par des modes de travail de plus en plus hybrides.

(1) Génération Z : 18-25 ans ; 15 % des répondants en France. Late Millenials : 26-33 ans ; 13 % des répondants. Early Millennials : 34-41 ans : 16 % des répondants. Génération X : 42-57 ans ; 29 % des répondants. Baby-Boomers : 58 ans et plus ; 27 % des répondants.

 

Par Anne-Sophie Vion – Les Echos – Publié le 14 avr. 2023 à 12:00Mis à jour le 14 avr. 2023 à 12:13